Les Dieux de la Wicca
1. Les Adeptes de la Déesse
La Wicca est souvent présentée comme
un culte de la Déesse et il n'y a aucun mensonge dans cela.
Cependant, il peut paraître contradictoire qu'une tradition
se prévalant de traiter de polarité sexuelle, d'équilibre,
offre une primauté à la Déesse. Pour comprendre
cela, il faut se pencher sur le mythe cosmogonique wiccan. Même
si nous ne possédons aucun texte d'autorité concernant
ce mythe (chaque coven étant libre de créer le sien),
nous pouvons discerner une trame identique dans cette diversité
de mythes.
Avant que l'univers ne soit, il existait une entité qui
était une, ni homme ni femme. C'est de la division première
de cette entité que va naître la Déesse et
le Cornu, qui en s'unissant vont engendrer le monde.
Pour les wiccans, la Déesse est alors première,
car cette entité qui a " accouché " de
sa partie masculine (le Cornu), a non seulement été
ensemencée par aucune autre divinité masculine,
mais elle a produit le premier geste créateur, c'est-à-dire
l'accouchement du Dieu Cornu. Ainsi, puisque l'accouchement est
le privilège des femmes et qu'il fut le premier acte sacré,
La Grande Déesse est première.
Cette entité première et obscure n'était
en rien le prototype d'un dieu unique créant une fille
et un fils dans le but d'engendrer l'univers. Cette entité,
originellement androgyne, était la Déesse, elle
portait en son sein toute la potentialité de la vie, mais
puisqu'elle n'avait pas engendré son contraire, lui aussi
nécessaire à la mise en mouvement de la création,
elle ne pouvait être nommée " Déesse
".
Ainsi les wiccans se laissent nommer " les Adeptes de la
Déesse ", et, en hommage à cette cosmogonie,
ce sont les femmes qui dirigent nos assemblées.
2. La Grande Déesse Mère
La Charge de la Déesse
Maintenant écoutez les paroles de la
Grande Mère qui fut aussi appelée parmi les hommes
Artémis, Astarte, Athéna, Dione, Mélusine,
Aphrodite, Cerridwen, Dana, Arianrhod, Isis, Bride et par bien
d'autres noms : " Toutes les fois où vous aurez besoin
de quoi que ce soit, une fois dans le mois et de préférence
quand la lune sera pleine, vous vous réunirez en un lieu
secret et adorerez mon esprit, moi qui suis la Reine de toutes
les sorcières."
"Alors en cette assemblée, vous
qui êtes enclin à la sorcellerie et qui n'avez pas
encore atteint ses plus profonds secrets ; je vous enseignerai
ce qui vous est encore inconnu.
Et vous serez libres de tout esclavage et en signe de votre entière
liberté, vous serez nus lors de vos rites et vous danserez,
chanterez, festoierez, jouerez de la musique et ferez l'amour,
tout cela en mon honneur. Car mienne est l'extase de l'esprit,
et mienne est aussi la joie sur terre ; car ma loi est Amour en
toutes choses. Gardez purs vos plus hauts idéaux, sans
cesse efforcez-vous de les atteindre, ne laissez personne vous
arrêter ou même vous détourner ;
car mienne est la porte secrète qui donne sur la Terre
des Jeunes, et mienne est la coupe du vin de la vie, et le chaudron
de Cerridwen, qui est aussi le Saint Graal de l'immortalité."
" Je suis la Gracieuse Déesse qui donne le cadeau
de la joie dans le cœur de l'homme. Sur la terre je donne
la connaissance de l'esprit éternel et au-delà de
la mort je donne la paix, la liberté et la réunion
avec ceux qui nous ont précédés. Sachez que
je ne demande aucun sacrifice car je suis la mère de tous
les êtres vivants et j'abreuve cette terre de mon amour."
Entendez les paroles de la Déesse des
Etoiles, elle dont la poussière de ses pieds habite les
hôtes du ciel et dont le corps encercle l'univers : "
Moi, qui suis la beauté de la verte terre, la blanche lune
parmi les étoiles et le mystère des eaux, je crie
vers ton âme : lève-toi et viens à moi. Car
je suis l'âme de la nature qui donne vie à l'univers.
De moi toutes choses procèdent et à moi toutes choses
doivent retourner et devant ma face, aimée des dieux et
des hommes, que ton moi divin soit enveloppé dans l'extase
de l'infini. Que mon culte soit dans le cœur qui se réjouit
; car sachez-le, tous les actes d'amour et de plaisir sont mes
rituels. Qu'il y ait en vous de la beauté et de la force,
du pouvoir et de la compassion, de l'honneur et de l'humilité,
de l'allégresse et de la révérence. Et vous
qui pensez me chercher,
sachez que votre quête et votre désir ne vous seront
utiles en rien, A moins que vous ne connaissiez le Mystère
: Que si ce que vous cherchez, vous ne le trouvez pas en vous,
vous ne le trouverez pas en dehors. Car sachez-le, j'ai été
avec vous depuis le début et je suis ce qui est atteint
au bout du désir. "
La Charge de la Déesse fut rédigée par la
première Grande Prêtresse wiccanne, Doreen Valiente
(décédée en septembre 1999), à partir
d'écrits d'A.Crowley (dans son Livre de la Loi), de Leland,
et bien entendu de sa propre poésie.
La Charge est en quelque sorte le seul texte wiccan que nous dotons
d'une valeur quasi-sacrée. (Il faut toujours avoir à
l'esprit que la Wicca est avant tout une tradition orale). Ce
texte contient tout ce qu'il faut savoir sur notre Déesse,
et la sorcière est invitée à méditer
longuement sur chaque mot.
Cependant, je me permets d'ajouter ici le fruit de mes propres
méditations concernant notre Grande Mère :
- Les chiffres de la Déesse sont le zéro, le trois
et le neuf.
- L'image de la Déesse est le cercle, Elle en est les limites
et le centre.
- Dans le symbole de la Roue des Saisons, Elle est la Roue même
alors que le Cornu en est les huit rayons.
- Tout ce qui est, est la Déesse. Elle est l'ensemble de
la Création, l'Univers est son corps et rien ne se fait
hors d'Elle-même.
- Elle est entière création, et seule la force de
son fils-amant le Cornu est à même de contrôler
cette création continue. Sans lui, Elle est entièrement
chaos et si Elle laisse le Cornu la contrôler, c'est qu'Elle
sait que cela est bon. Mais Il est le sacrifié, ainsi Il
n'oublie jamais qu'Elle est sa Mère et sa Reine.
Contrairement au Cornu, la Déesse ne meurt jamais, Elle
change sans cesse : Vierge, Mère, Vieille. Pour comprendre
ce mystère, regardez autour de vous et voyez que rien ne
disparaît, tout ne fait que changer d'état.
- L'homme ne peut embrasser d'un seul regard la Déesse,
c'est pourquoi Elle nous révèle ses multiples visages
au travers de la Lune.
- A la phase Croissante Elle est la Vierge, l'Initiatrice.
- A la phase Pleine Elle est la Mère, la Créatrice.
Elle est alors l'équilibre, le milieu et nous la célébrons
dans la joie.
- A la phase Décroissante Elle est la Vieille, la Mort,
la Destructrice.
- La Déesse est entière liberté, Elle ne
fut engendrée par personne, Elle n'a pas de père,
Elle est à l'origine de tout et en est la fin.
- Elle est le Vagin, Elle est la Coupe, le Saint Graal de l'Immortalité,
le Chaudron sacré d'Abondance.
3. Le Dieu Cornu
La Charge du Dieu Cornu
Ecoutez les paroles du Grand Père qui
fut appelé Osiris, Adonis, Zeus, Thor, Pan, Cernunnos,
Herne, Lugh et par bien d'autres noms : "Ma Loi est Harmonie
avec toutes choses. Mien est le secret qui ouvre les portes de
la vie et mien est la sève de la terre qui est le corps
de Cernunnos. J'offre la connaissance de la vie perpétuelle,
je suis le sacrifié, le père de toute chose et je
couvre la terre de ma protection."
Entendez les paroles du Dieu dansant, la musique
dont les rires secouent les vents,
dont la voix appelle les saisons : " Moi, qui suis le Seigneur
de la Chasse et le pouvoir de la Lumière, le Soleil parmi
les nuages et le secret de la Flamme, j'appelle vos corps à
se lever et à venir vers moi, car je suis la chair de la
terre et de toutes ses créatures. Au travers de moi toute
chose doit mourir afin de renaître. Laissez mon culte être
dans le corps qui chante et qui sait que chaque acte de sacrifice
volontaire sont mes rituels. Laissez le désir et la peur,
la force et la faiblesse, la joie et la paix, la crainte et la
passion vous posséder. Car tout cela fait parti du grand
Mystère que vous trouverez en vous et en moi : Tout commencement
a une fin et toute fin a un commencement. "
La Charge du Dieu est aussi un grand texte de notre
" théalogie ", mais il est beaucoup moins connu
et populaire auprès de la communauté wiccanne.
Comme pour la Déesse, voici le fruit de mes méditations
concernant le Grand Cornu :
- Les chiffres du Cornu sont le un, le trois et le sept.
- L'image du Cornu est la ligne droite, Il est les huit rayons
de la Roue des Saisons et jamais ne s'élance en dehors
de celle-ci. Il n'a pas d'existence hors du royaume de la Grande
Dame.
- Tout ce qui est, est animé par la force du Cornu. Il
donne vie à tout ce qu'engendre la Déesse, Il est
les Rayons du Soleil, la chaleur du feu, la sève des arbres,
le sang des hommes et des animaux. Il est le Grand Danseur aux
sabots dorés, celui qui anime l'univers de son tambour
céleste.
- Le Cornu n'a pas de père, la Déesse est sa mère,
son amante et son bourreau, Elle est son commencement et sa fin,
et son sacrifice est le prix de sa Royauté.
- Il est le Sacrifié, la condition même de l'existence,
car sa semence fertile doit être payée de sa propre
vie. Sans cela, Il ne pourra jamais procréer de nouveau.
- Pour comprendre ce mystère, regardez les saisons, après
l'été viendra l'hiver, après chaque action
suit le repos, c'est seulement ainsi que la force revient.
- Il est le Grand Bouc, le Cerf Sacré décoré
des bois de la connaissance. Il est celui qui ordonne à
la terre de sommeiller sous la froide caresse de son absence hivernale.
- Comme la Déesse, le Cornu a trois visages. Il est le
Soleil et ses aspects apparaissent à son Lever, son Apogée
et son Coucher.
- Au Lever, Il est l'Homme Vert, celui qui amène le printemps
et annonce la Fertilité de l'été. Il est
le jeune insouciant courant dans les bois, séduisant des
cohortes de femmes, et la Déesse n'est qu'une des nombreuses
amantes de celui qui accompagne les étoiles de sa flûte
joyeuse.
- A l'Apogée, Il est le Seigneur du Soleil. Décoré
de ses plus belles cornes, il est sorti de la Forêt et s'est
marié avec la Grande Dame. Il est l'homme responsable,
le roi Sacré de l'été, assumant le fruit
de ses actes, la graine solaire déposée par lui-même
dans le ventre de la Déesse. Il est Le Grand Seigneur,
sévère mais juste et généreux, organisant
les futures récoltes auprès de la Grande Dame.
- Au Coucher, Il est l'Homme en Noir, Maître du Royaume
des Ombres, Grand Guide des âmes défuntes. Sacrifié
par la Déesse à la fin des récoltes, Il pénètre
la terre de son sang porteur d'une fertilité future. Il
est la lumière des défunts, le Sombre Bouc trônant
aux carrefours de la vie, celui qui offre le sommeil et le repos.
- Il est le fils-amant de la Déesse, celui qui anime l'univers,
Il est la force et la volonté de chacun.
- Il est le Phallus, l'Epée et l'Athamé (couteau
rituel wiccan) de lumière qui engendre la Création.
4. De la Nature des Dieux
Venons-en maintenant au problème de la nature
des dieux. Sont-ils réels, ont-ils un corps physique, sont-ils
le fruit d'un égrégore, des symboles, des archétypes
psychologiques ? Nous ne pouvons, ni ne devons, affirmer aucune
de ces propositions.
Comme nous l'avons dit dans un des chapitres précédents
(voire Qu'est-ce que la Wicca ?), une authentique spiritualité
est étrangère à toute affirmation dogmatique,
elle est le fruit exclusif d'une expérience personnelle.
Notre tradition poussant ses adeptes à chercher leurs propres
expériences spirituelles, chacun est libre de discourir
sur la façon dont il conçoit la nature des dieux.
Nous pouvons remarquer que nos Anciens (nous nommons ainsi les
wiccans les plus expérimentés ayant atteint un certain
âge) spéculent de moins en moins sur la nature des
dieux au fur et à mesure qu'ils cheminent sur la voie de
la Wicca. (Leur spiritualité devient pure contemplation,
qui seule est à même de rendre compte de l'essence
d'une tradition. S'ils ont totalement dépassé les
rites et les outils rituels, ils continuent d'enseigner ces rites
et la manipulation des différents outils car, par ce qu'ils
signifient, ils montrent la voie.)
Il ne faut pas voir ici une faiblesse spéculative de notre
tradition. La Tradition Wiccanne est une tradition païenne
donc non dogmatique ; chacun est invité à découvrir
sa propre vision des dieux.
Les différentes Charges et autres rituels ne sont que les
formes servant de base nécessaire à une quête
spirituelle qui d'elle-même dépassera ces formes.
source:copyright du Coven des Enfants d'Aradia.
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