La grande déesse
LES DÉESSES - Cartes de connaissance |
TRIPLE DÉESSE
Symbole des trois aspects de la Grande Déesse, la Triple Déesse, trinité originelle, constitue la plus
ancienne représentation de la divinité multiple. C'est une image universelle, un motif présent dans toutes
les parties du monde. La déesse aux trois visages est étroitement associée aux phases de la lune ; de même
que la lune change d'aspect, la Grande Déesse endosse tour à tour ses nombreux rôles. La jeune fille, la mère et
la vieille femme : tels sont le plus souvent les trois aspects de la grande divinité féminine. La jeune fille,
déesse forte et individualisée ; la mère, divinité nourricière, la source de toute nourriture ; et la vieille
femme, déesse de la mort et de la transformation. Ce symbolisme couvre l'activité de la déesse dans toutes
les phases de l'existence : de la naissance à la mort et de la mort à la renaissance. La Triple Déesse réaffirme le
caractère sacré de notre être, quels que soient notre âge ou le rôle que nous tenons dans la vie. Elle nous
rappelle que sous ses nombreux visages, la Déesse est Une, à jamais présente et sacrée.
|
La puissance de la grande déesse
traduction et adaptation vero pour les portes du sidh
NDT : En 1999 a été publié en Allemagne « DIE KRAFT DER GROSSEN GÖTTIN ».
A ma connaissance ce texte de Starhawk n’existait jusqu’à présent que dans la langue de Goethe. En voici la version française.
CHAPITRE 1
La redécouverte d’une ancienne religion
La religion de la grande Déesse est peut être la plus ancienne religion
du monde occidental. Ses racines remontent plus loin que le
christianisme, le judaïsme et l’islam, plus loin que le bouddhisme et
l’hindouisme, et elle est très différente de toutes les « grandes »
religions. Dans son esprit elle serait plus proche des traditions des
amérindiens ou des chamans de l’arctique. Elle ne se fonde ni sur des
dogmes ou des règles, ni sur des écritures ou un livre saints. La
croyance en la grande déesse se base sur la connaissance de la nature,
et trouve son inspiration dans les mouvements de la lune et du soleil,
le vol des oiseaux, la lente croissance des arbres, et le passage des
saisons.
Le symbole ancestral de l’indicible est la Déesse. Elle a mille noms et
autant de visages. Elle est la réalité derrière beaucoup de métaphores.
Elle est la vérité, elle est l’évidente déité, elle est dans tous les
êtres, dans tout ce qui est vivant. Elle n’est pas hors le monde, elle
est le monde, et elle est tout ce qui fait le monde : la terre, les
étoiles, les pierres, l’eau vive, le vent, les vagues, les feuilles et
les branches, les boutons et les fleurs, les femmes et les hommes. La
Déesse –ancienne et intemporelle, la premières de tous les Dieux ; la
protectrice des chasseurs du néolithique et des premiers marins, celle
sous la protection de laquelle ont été apprivoisés les premiers
animaux, ont été trouvées les premières plantes médicinales ; celle à
l’ombre de laquelle ont débuté les premiers travaux manuels, celle à
qui étaient dédiées les premières pierres levées, celle qui a inspiré
les premiers chants et les premiers poèmes, celle qui survit
aujourd’hui bien plus fort qu’elle ne le fit à la Renaissance. Elle
n’est pas simplement remise au goût du jour, mais bien plus elle vit
une nouvelle naissance, une nouvelle création. Ce sont avant tout les
femmes qui sont à l’origine de ce phénomène, et qui tirent la Déesse de
son long sommeil, elle, la représentation de la « légitimité et de
l’aspect bénéfique du pouvoir des femmes ».
Elle n’est pas définie comme un ensemble d’attributs, celles qui
participent à son retour parlent plutôt de bonheur créatif, de
fructification du cœur et l’esprit.
L’image de la Déesse inspire les femmes, les aide à se sentir divines,
ressentir leur corps comme sacré, leurs règles comme une bénédiction,
les agressions comme un bienfait, la colère comme un moyen de se
nettoyer, et leur pouvoir, qu’elles peuvent, selon le cas, maîtriser,
ou laisser exprimer son côté destructeur, comme la grande force qui est
source de vie.
A travers la Déesse les femmes peuvent découvrir leur force, éclairer
leur esprit, accepter leur corps comme étant à elles seules, et
accepter l’existence des sentiments. Elles peuvent s’éloigner des rôles
qui leurs sont dévolus et devenir elles mêmes.
Mais pour les hommes aussi la Déesse est importante. La contrition des
hommes par l’autorité patriarcales de Dieu le Père est certes moins
évidente mais non moins tragique que celle des femmes. Le symbole de la
Déesse permet aux hommes de découvrir et d’intégrer l’aspect féminin de
leur nature, qui est souvent ressenti comme l’aspect le plus
profondément enterré de leur personnalité.
L’amour de tout ce qui vit est l’éthique de base de la religion de la
Grande Déesse. Toute chose vivante doit être respectée et protégée.
Ceci reconnaît toutefois que la vie nourrit la vie, et que parfois il
faut tuer pour survivre, mais il ne faut jamais ôter la vie sans
raison. Cela signifie aussi qu’il faut œuvrer pour la préservation de
la diversité biologique, contre la pollution quelle qu’elle soit, et
contre la destruction des espèces Le monde est une manifestation de la
Déesse, mais rien dans cette
représentation ne doit pousser à la passivité. Tout ce qui se passe en ce monde est important.
La Déesse a besoin du soutien des hommes pour pouvoir s’épanouir pleinement.
L’harmonie qui résulte de l’équilibre entre les plantes et les animaux,
entre l’humain et le divin, n’est pas automatique, mais elle doit sans
cesse être renouvelée, et c’est là qu’interviennent les rituels.
Le travail spirituel, le travail que l’on fait en soi est le plus
efficace, s’il agit main dans la main avec les effets extérieurs. La
méditation au sujet de l’équilibre dans la nature peut être considérée
comme un acte spirituel mais ne le sera pas si elle est le pendant d’un
tas d’ordure que l’on laisserait dans un terrain vague.
La Déesse mère renaît à une nouvelle vie, et nous pouvons réclamer
notre droit fondamental à une profonde et pure joie de vivre. Nous
pouvons ouvrir les yeux et apprendre à accepter que rien ne doit être
protégé de l’emprise de l’Univers, et que rien ne doit être fait à son
encontre, que nous ne craindrons pas d’autre Dieu que le Monde, et que
nous n’obéirons à nul autre.
Seule la Déesse, la Mère, la Spirale hélicoïdale, qui nous intègre et
nous conduit hors de l’acte d’être –naissance, mort, renaissance – elle
dont le rire fait vibrer toute chose, et qu’on ne peut trouver qu’à
travers l’amour : l’amour des arbres et des pierres, du ciel et des
nuages, du parfum des fleurs et du bruissement des vagues, de tout ce
qui rampe et vole et nage et qui se meut ; à travers l’amour de soi, et
l’amour orgasmique, dispensateur de vie et créateur de monde ; chacun
de nous est unique comme l’est un flocon de neige, chacun est sa propre
étoile, chacun est l’enfant, l’amant, l’aimé de la Déesse.
Les pages qui suivent sont construites autour des éléments qui, à mon
avis, parmi tout ce qui a été dit au sujet de la religion de la Grande
Déesse, sont les plus raisonnables.
Les conseils que je donne ne doivent toutefois pas être suivis tête
baissée, il s’agit bien plus d’une ligne de conduite, d’un air sur
lequel on peut aisément improviser.
CHAPITRE 2
La religion de la Déesse à travers le Monde
Le mythe de la création
« Avant le commencement, la Déesse dont on ne peut prononcer le
nom, flottait dans les profondeurs de la nuit, seule, en quête
d’hommages et de respect. Et quand elle plongeait son regard dans le
miroir voûté de l’éther, elle reconnaissait sa propre image lumineuse
et en tomba amoureuse. Par la puissance qui l’habitait, elle sortit
cette image du miroir, s’unit à elle amoureusement et lui donna le nom
de « Miria, la merveilleuse ». Son extase s’exprima à travers un chant
sur tout ce qui est, qui fut et qui sera, et de ce chant naquit le
mouvement, puis les vagues, dont les mouvements lascifs devinrent les
sphères et les cercles de tous les mondes. La Déesse fut emplie
d’amour, elle s’arrondit et se réchauffa et donna naissance à une pluie
d’esprits lumineux, qui se répandirent sur les mondes et devinrent des
créatures de chair et de sang. Mais lors de ce grand mouvement Miria
fut expulsée, et du fait de cette séparation d’avec la Déesse, elle
devint de plus en plus masculine.
Elle devint d’abord le Dieu bleu, le dieu doux et souriant de l’amour,
puis le Dieu vert, celui qui était vêtu de feuilles de vignes, celui
qui prenait racine dans la terre, l’esprit de tout ce qui pousse.
Finalement elle devint le Dieu Cornu, le chasseur, celui qui est aussi
brûlant que le soleil et aussi sombre que la mort. Mais toujours le
désir le ramenait à la Déesse, il tournait autour d’elle, espérant,
toujours, retrouver son amour. Toute chose trouve son origine dans
l’amour, tout cherche à retourner à cet amour. L’amour est loi, l’amour
est mère de la sagesse, la grande manifestation des mystères. »
(transmission orale issue de la tradition féri de la croyance sorcière)
Ce mythe montre clairement l’étonnement vis à vis du monde qui est
divin et du divin qui est le monde. Au début la Déesse est le tout, la
vierge, autrement dit, se suffisant à elle-même. Elle est nommée «
déesse », mais elle pourrait aussi bien être « dieu » car son existence
n’est pas sexuée. Il n’y a ni séparation, ni scission, rien que l’unité
originelle. Mais l’aspect féminin est mis en avant car il y a une
naissance dans le processus de la création. Le monde est « mis au monde
», il n’est pas créé.
La Déesse voit son reflet dans le miroir de l’éther ce qui pourrait
être considéré comme un regard magique dans la représentation de
l’univers, dans le domaine tordu de la physique moderne. Le miroir est
un ancien attribut de la Déesse, affirme Robert Graves, dans sa
représentation en tant que « ancienne déesse païenne de la mer,
Marian…, Miriam, Mariamne, Myrrhine, Myrtea, Maria ou Marina,
protectrice des écrivains et des amoureux, et fière mère des cupidons
…. Marian est souvent représentée comme étant une sirène…. La
représentation conventionnelle de la sirène –une très belle jeune
femme, avec une queue de poisson, un miroir rond et un peigne en or-
signifie « la Déesse de l’amour vient de la mer ».
Il y a une autre symbolique du miroir : le reflet dans le miroir est
une image inversée, identique, mais opposée, la polarité inverse. Ce
reflet exprime le paradoxe : toutes choses sont un, et pourtant chaque
chose est unique, individuelle par rapport à elle-même. Les religions
orientales ont surtout retenu la première partie du paradoxe, et
partent du principe que toute chose ne font qu’un et que
l’individualité n’est qu’illusion. Les religions occidentales prônent
plutôt l’individualité et pensent en général que le monde est fait
d’une multitude de choses uniques. La vision occidentale encourage
l’effort individuel, et l’engagement individuel dans le monde. La
vision orientale prône le recul, la contemplation et la compassion.
Dans la religion de la grande Déesse on trouve ces deux façons de voir.
Elles se font face et se complètent. Elles ne sont pas contradictoires.
Le monde fait de multiplicité est le reflet de l’unité, et l’unité est
le reflet de la myriade d’individualités. Nous sommes tous des atomes
de la même énergie, et pourtant chaque atome est unique dans son
aspect, et dans son apparence. La Déesse tombe amoureuse d’elle-même,
et exprime sa propre luminosité, qui acquerra une vie propre. L’amour
ce ceux qui se ressemblent est la force créatrice de l’univers. Le
désir est l’énergie primitive, et cette énergie est érotique : la force
d’attraction entre celui qui aime et celui qui est aimé, entre les
étoiles et les planètes, entre l’électron et le proton. L’amour est la
glaise qui fait s’unir le monde.
Eros, l’aveugle, devient Amour, le bon. D’après Joseph Campbell, il
s’agirait là plus d’un aspect individuel et personnel que de l’amour du
prochain, Agape, ou de l’appétit sexuel. Le reflet de la déesse sort
d’elle-même et reçoit un nom. L’amour n’est pas seulement une force
dispensatrice d’énergie, il est aussi utile à l’individualisation. Il
contrecarre la séparation et pourtant crée l’individualité, il est
l’ultime paradoxe.
Miria, la merveilleuse, est évidemment Marian-Mariam-Mariamne, puis
Mari, le côté « pleine lune » de la Déesse. Le sens du bonheur et du
ravissement dans le monde naturel est l’essence de la religion de la
grande Déesse. Le monde n’est pas une création imparfaite, rien que
nous devions fuir. Elle ne demande ni sauvetage ni pardon, mais il
semble que chaque jour elle nous donne matière à étonnement.
L’extase divine devient génératrice de la création, et la création est un processus orgasmique.
L’extase est le cœur – lors des rituels nous dirigeons le paradoxe de
l’intérieur vers l’extérieur et devenons la Déesse, nous partageons la
joie originelle de l’unification.
L’extase conduit à l’harmonie, à la musique des sphères. Le mot musique
est l’expression symbolique de la vibration qui est commune à tous les
êtres. Les physiciens apprennent que les atomes et les molécules de
toutes les matières, depuis le gaz le plus volatile jusqu’au rocher de
Gibraltar, sont en perpétuel mouvement. Ce mouvement suit un ordre, qui
devient la base de l’harmonie propre de toute existence. La matière
chante du fait de sa nature particulière.
La Déesse est de plus en plus emplie d’amour jusqu’à ce qu’elle donne
naissance à une pluie d’esprits, qui réveilleront la connaissance dans
le monde, comme l’humidité fait que la terre devient verte. La pluie
est le sang menstruel, le sang créateur de vie de la Lune, tout comme
la perte des eaux annonce la naissance, la restitution extatique de la
vie.
Le mouvement et les vibrations deviennent si forts que Miria est
expulsée. Plus elle s’éloigne du point central de l’unification, et
plus elle sera fortement polarisée, différentiée et masculinisée. La
Déesse s’est auto-projetée, son moi projeté devient l’autre, le
contraire, qui cherchera sans cesse à se réunifier. C.G Jung dirait
qu’elle a projeté son âme masculine, son animus. La différenciation
éveille le désir, qui va à l’encontre de la force de projection. Le
champ de forces du cosmos se polarise et devient le conducteur de
forces qui agissent en sens contraire. Cet ensemble est considéré comme
champ énergétique, qui est polarisé par deux puissantes forces –le
masculin et le féminin, la Déesse et le Dieu, qui se font fasse sous
leur plus puissant aspect. Toutefois nous devons distinguer ce concept
de polarité de notre représentation culturelle du masculin et du
féminin. La puissance masculine et la puissance féminine sont certes
différentes, mais dans le fond elles ne le sont pas : elles sont la
même force qui va dans des directions différentes mais qui peuvent se
réunir.
On peut décrire les forces de la façon suivante : aucune n’est active
ou passive, sombre ou lumineuse, sèche ou humide, au lieu de cela
chacune est tout cela à la fois. L’aspect féminin est considéré comme
force créatrice de vie, comme pouvoir de la révélation, de l’énergie,
qui s’écoule dans le monde pour y trouver une forme. L’aspect masculin
est considéré comme puissance de la mort, dans son sens positif et non
négatif, la force de la restriction, qui est l’opposé nécessaire de la
création débridée, la force de la dissolution, le retour à la
non-forme. Chaque principe contient l’autre. La vie conduit à la mort,
nourrit la mort ; la mort contient la vie, rend l’évolution possible,
ainsi que la nouvelle création. Les deux font partie du même cycle,
dépendant l’une de l’autre.
L’existence est le résultat du va et vient, des deux courants
changeants et parfaitement équilibrés. La puissance de mort due aux
guerres ou aux homicides est incontrôlée. Mais, pris ensemble ils sont
générateurs d’harmonie vitale, de perfection cyclique, comme on peut
l’observer dans le rythme des saisons, dans l’équilibre écologique de
la nature, et dans le cycle de la vie, depuis la naissance jusqu’à la
mort, puis à la renaissance, en passant par la sagesse et la
vieillesse.
La mort n’est pas la fin. C’est un stade du cycle, qui conduit à la
renaissance. Après la mort l’âme reste dans le « pays de l’été » au
pays de l’éternelle jeunesse, où elle est rajeunie et rénovée pour
préparer son retour. La renaissance est un immense cadeau de la part de
la Déesse, qui est manifeste dans le monde réel. La vie et le monde ne
sont pas séparés de la Déesse, mais sont partie intégrante de la
divinité. La vie est quelque chose de merveilleux. L’âge est une partie
naturelle et très appréciée du cycle de la vie, c’est le temps de la
plus grande sagesse, du plus grand savoir. Evidemment la maladie cause
des souffrances, mais il ne faut pas la considérer comme inévitable.
Dans la pratique l’art de guérir, la médecine par les plantes et l'aide
à la naissance sont liées. Même la mort n’est pas effrayante. Il n’est
que la disparition de l’enveloppe physique, qui permet à l’âme de se
préparer pour une nouvelle vie. Oui, la peine et la douleur existent,
elles font partie de l’apprentissage, et doivent être amoindries grâce
à un travail acharné. Car la douleur est une part normale du devenir et
de notre passage, elle sera adoucie par la compréhension et
l’acceptation, par le don de la lumière et des ténèbres en échange.
La polarité entre masculin et féminin ne devrait pas être considérée
comme modèle valable pour les êtres mâles et femelles. Dans chaque être
les deux principes sont présents, nous sommes tout autant masculin que
féminin. Etre complet signifie vivre avec ces deux forces, la création
et la destruction, la croissance et la limitation. L’énergie engendrée
par le courant de ces forces coule en chacun de nous. A travers les
rituels et la méditation on peut les dissocier et les exprimer de telle
sorte qu’elles vibrent à l’unisson avec d’autres. Le sexe, par exemple,
est bien plus que l’acte d’union de deux corps, il est un courant
polarisé entre deux êtres humains.
Le principe masculin est pratiquement considéré comme étant androgyne
(hermaphrodite) : l’enfant, le dieu bleu de l’amour, joueur de flûte.
Son image est étroitement liée à celle du Dieu Bleu, le Moi divin, qui
est également androgyne. Tendre jeunesse, fils bien-aimé, il n’est
jamais sacrifié.
L’aspect vert est le Dieu de la végétation, l’esprit des blés, les épis
qui sont coupés et semés à nouveau, la semence, qui meurt à chaque
récolte et qui à chaque printemps renaît.
Le Dieu Cornu, qui dans l’esprit conventionnel est la projection
masculine de la Déesse, est le chasseur éternel, mais aussi l’animal,
qui est chassé. Il est l’animal sauvage qui est sacrifié, pour que la
vie des hommes puisse continuer. Mais il est aussi le sacrificateur qui
fait couler le sang. On voit en lui le soleil, qui inlassablement
poursuit la lune dans le ciel. Les phases montantes et descendantes du
soleil au fil des saisons symbolisent le cycle vie et mort, devenir et
disparition, séparation et retour.
Déesse et Dieu, principes masculin et féminin, naissance et mort,
vibrent sur leur voie, impérissables et toujours en mouvement. La
polarité, la force qui unifie l’univers, est l’amour, individuel,
érotique, transcendant. Le monde n’a pas été créé brusquement à un
moment précis. La création se fait à chaque instant et s’inclut dans le
cycle de l’année.
La roue de l’année
En amour, le Dieu Cornu cherche toujours la Déesse, sous diverses
formes et avec divers visages. Dans notre monde la quête apparaît dans
le cycle de l’année.
Elle est la grande mère, qui le fait naître, enfant soleil, au solstice
d’hiver. Au printemps il est le semeur et la semence, et pousse dans la
lumière croissante, vert comme les jeunes pousses. Elle est la
prêtresse. Elle l’initie aux mystères. Il est le jeune taurillon. Elle
est la nymphe, la séductrice.
En été, quand le jour est le plus long, ils s’unissent et la puissance
de leur passion contient le monde. Mais la figure du Dieu devient moins
nette au fur et à mesure que le soleil s’affaiblit, jusqu’à ce qu’enfin
il se sacrifie lui-même, quand le blé est récolté, pour que chacun
puisse être nourri.
Elle est celle qui moissonne, le ventre de la terre, celle à laquelle
tout doit retourner. Durant les longues nuits et les jours sombres il
repose dans son corps. En rêve il est le maître de la mort qui règne
sur le pays de la jeunesse, à l’Est des portes du jour et de la nuit.
Sa sombre tombe devient le chaudron de la renaissance, car au milieu de
l’hiver elle lui donne naissance à nouveau. Le cycle prend fin et
recommence à nouveau, et la roue de l’année tourne et tourne encore.
Les rituels des 8 fêtes solaires découlent directement du mythe de la roue de l’année.
La Déesse se manifeste à travers ses trois aspects : La jeune fille,
qui fait d’elle la gardienne vierge de la naissance et de l’initiation
; la nymphe qui est la tentatrice sexuelle, l’amante, la sirène, la
séductrice ; la vieille qui fait d’elle le côté le plus sombre de la
vie, qui génère la mort et le sacrifice. Le Dieu est fils, frère,
amant, qui deviendra son propre père : la victime éternelle, à qui on
redonne éternellement vie.
La religion de la Grande Déesse dans le monde fait avant tout ressortir
la vie. Le cosmos est un champ de forces polarisé. La polarité que nous
nommons Dieu et déesse, crée le courant, qui est à la base des
changements dans les saisons, et des mouvements des astres, de
l’harmonie dans la nature, et de l’évolution dans la vie des êtres
humains. Nous admettons le jeu des forces en présence de deux façons :
la vision intégrale de la lumière des étoiles pour l’hémisphère droit
du cerveau, et l’instinctif, au même titre que ce que l’on sait par
analyse pour l’hémisphère gauche.
La communication entre le su et l’instinctif, entre le soi qui
s’exprime et le soi enfantin, et entre ce dernier avec le moi divin,
l’esprit, dépend de notre sincérité par rapport aux deux modes de
perception.
Les notions verbales doivent être transposées en images ou symboles.
Les images intuitives doivent être placées à la lumière de la
connaissance. A travers une communication ouverte nous pouvons être à
l’unisson du cycle de la nature, de l’unisson primordiale extatique,
qui est la force de la création. Cette mise au diapason exige un
sacrifice : être prêt à changer, accepter de ne pas rester bloqué à un
point de la roue, mais d’aller de l’avant. Mais ce sacrifice n’implique
pas de souffrance, et la vie, sous tous ses aspects, lumière et
ténèbres, croissance et disparition, est un immense cadeau. Dans un
monde, où la danse érotique du Dieu et de la Déesse est la trame
rayonnante de toute chose, nous, qui nous abandonnons à leur rythme,
nous serons bouleversés par le miracle et le mystère de l’existence.
CHAPITRE 3
Le développement de la force intérieure
Dans la religion de la Grande Déesse, le pouvoir, ou la force, sont
d’autres expressions pour l’énergie, le courant de force qui représente
la réalité. Une forte personnalité amènera de l’énergie dans le groupe.
La capacité de canaliser la force dépend de l’intégrité et du courage
individuels. Elle ne peut être considérée comme acquise, héritée,
transmise ou automatique, et elle n’accorde pas le droit à contrôler
les autres. La force intérieure se développe à partir de la faculté de
se dominer soi même, de connaître ses propres peurs et ses propres
limites, d’être responsable et honnête. Les sources de la force
intérieure sont invincibles. La force d’un homme ne varie pas de l’un à
l’autre.
La représentation de la force intérieure cause une saine fierté et non
pas un anonymat timide ; une joie due à sa propre force et non pas un
sentiment de culpabilité. Il en résultera que l’autorité signifiera «
responsabilité ».
Voici des exercices qui permettent de ressentir cette énergie :
L’arbre de vie
C’est l’exercice de méditation le plus important, qui peut être réalisé
tant individuellement qu’en groupe. Pendant la respiration veille à
être assis bien droit. Sens comme l’énergie augmente, pendant que le
tourbillon d’énergie se construit… (pause) et tu peux tirer l’énergie
de la terre…. A chaque inspiration…. Tu sens comme l’énergie
augmente….comme la sève qui monte dans le tronc d’un arbre…. Tu sens
comme la force se répand dans ta colonne vertébrale … sens comme tu
deviens plus vivant…. A chaque inspiration…. Et depuis le sommet de ton
crâne deux courants redescendent à la terre …. Tu les sens dans ton
dos…. Tu sens la force, qui émane du haut de ton crâne…. Tu sens comme
elle redescend…. Jusqu’à ce qu’elle touche terre…. Et la boucle est
bouclée…. La boucle magique est bouclée…. Le courant retourne à sa
source.
Relaxation
La relaxation est importante car chaque tension amoindrit l’énergie. La
tension musculaire est la traduction de la douleur de l’âme et de
l’esprit. Si ton coeur est lourd il en résultera des tensions
musculaires et physiques. La puissance qui devrait transiter à travers
un corps tendu, serait comme un courant électrique que l’on tenterait
de faire passer à travers des obstacles, la plus grande partie serait
perdue en route.
La relaxation corporelle semble aussi modifier le schéma des courants
cérébraux, et activer des centres qui habituellement ne servent pas.
Couche toi à plat dos, les bras et les jambes allongés, détendus.
Enlève ou défais tous les vêtements qui seraient trop serrés. Si tu
veux comprendre ce que l’on ressent à être détendu, il faut d’abord
intégrer la notion de tension. On va d’abord bander chaque muscle de
notre corps à son tour et maintenir la tension jusqu’à ce que dans une
inspiration on détende tout le corps. Ne tends pas tes muscles au point
de risquer la crampe, mais tends les modérément.
Commence avec les orteils. Tends les orteils du pied droit…. Puis le
pied gauche. Tension du pied droit…. Pied gauche…. Cheville droite….
Cheville gauche…. A la fin tends les muscles de la tête. Tout ton corps
est à présent tendu…. Tu ressens cette tension à tous les niveaux.
Tends chaque muscle que tu sentirais ramolli. A présent inspire
profondément… inspiration (pause)… expiration…. Et…. Relaxation.
Laisser tout son corps se détendre. Sois totalement détendu. Tes doigts
sont détendus. Tes orteils sont détendus. Tes mains sont souples, tes
pieds sont souples. Tes poignets sont détendus, tes chevilles sont
détendues. Et ainsi en est il de tout ton corps : sois totalement
détendu. Ton corps est léger, il se sent comme l’eau qui suinterait à
travers la terre. Laisse toi emporter dans cette situation de détente.
Si des soucis ou des peurs venaient à ternir ta paix, imagine toi
qu’ils s’écoulent de ton corps comme de l’eau et s’écoulent dans la
terre. Tu te sens guéri et ragaillardi. Reste dans cette situation
pendant 5 à 10 minutes.
Visualisation
La visualisation est la capacité à voir, entendre, ressentir, toucher
et sentir avec ses sens les plus profonds. Nos yeux physiques ne voient
pas, ils se contentent de transmettre des signaux au cerveau. Le
cerveau voit ; il peut reconnaître aussi aisément des visions internes
que des images qui lui viennent du monde extérieur. Pendant nos rêves
nos cinq sens travaillent. Grâce à des exercices la plupart des gens
peuvent développer leur faculté d’utiliser intensivement les sens
internes à l’état de veille. Naturellement certaines personnes voient
des images, d’autres entendent ou ont simplement des ressentis.
(certaines personnes trouvent difficile, voire impossible de
visualiser, mais la plupart constatent que cela devient possible s’y on
s’entraîne dans ce but)
La visualisation est importante, car à travers ces images internes
et ces ressentis nous communions avec notre moi infantile et notre moi
divin. Si nos sens internes sont suffisamment aiguisés nous pouvons
avoir des visions d’une grande intensité, nous pouvons sentir le parfum
des fleurs de l’Ile des saints, goûter l’ambroisie et entendre le chant
des dieux.
Avant d’apprendre à visualiser il faut nous centrer. C’est à dire créer
un lien énergétique avec la terre. L’exercice « arbre de la vie » est
une méthode de centrage. Le centrage est important, car il te permet
d’attirer la force vitale de la terre, au lieu d’utiliser la tienne
propre. La canalisation de l’énergie tient lieu de paratonnerre
spirituel – les forces circulent à travers toi jusqu’à la terre, au
lieu de consumer ton esprit et ton corps.
Visualisation simple
Cet exercice s’adresse à tous ceux qui ont du mal à se faire une
représentation imagée de quelque chose. Centre toi. Ferme les yeux, et
imagine toi que tu est devant un mur blanc ou un écran vierge.
Visualise sur ce support des formes géométriques simples, un ligne, un
point, un cercle, un triangle, une ellipse etc…
Quand tu pourras clairement reconnaître ces formes, imagine l’écran non
plus blanc mais en couleur : tour à tour rouge, jaune, bleu, orange,
vert, violet et noir. C’est plus simple si avant cela tu as observé ces
couleurs les yeux ouverts, puis tu fermes les yeux et vois les couleurs
dans ton esprit. Pour finir tu essaies de te représenter les formes
géométriques en couleur. En esprit varie les couleurs et les formes,
jusqu’à ce que dans ta représentation tu puisse dessiner sans effort.
La pomme
Visualise une pomme. Tu la tiens dans ta main, la fait tourner, la
ressens. Tu sens sa forme, sa taille, son poids, le relief de sa peau.
Observe en esprit la couleur, les ombres et les lumières sur sa peau.
Approche la de ton nez et sens la. Mords la. Goûte la. Entends le bruit
lorsque tu la croques. Mange la pomme, ressens chaque bouchée jusqu’à
ce que tu l’avales. Observe la comme elle rapetisse. Quand tu l’auras
mangée jusqu’au trognon, efface la vision.
Fais cet exercice avec d’autres aliments. Une boule de glace dans un cornet convient particulièrement bien à cet exercice.
La concentration est la capacité à se plonger dans une image, une
pensée ou un travail, de réduire son attention à cela seul et faire
abstraction de tout le reste.
Plus tu t’entraîneras à la visualisation, et plus tu auras de facilités
à te concentrer sur une image interne. Les deux exercices suivants
amélioreront des capacités de concentration.
La méditation de la bougie
Dans une pièce calme et sombre allume une bougie. Centre toi et
raccorde toi à la terre, et regarde calmement la bougie. Respire
profondément et ressens comme la lumière de la bougie te réchauffe.
Laisse toi entièrement envahir par cette paix. Si des idées te viennent
à l’esprit, vit les comme si elles venaient de l’extérieur. Ne laisse
pas l’image de la flamme se dédoubler, mais regarde la intensivement.
Reste ainsi pendant au moins 5 à 10 mn, puis détends toi.
Miroir, miroir
Centre toi et raccorde toi à la terre. Regarde toi dans les yeux grâce
à un miroir. Concentre toi sur l’espace qui les sépare. Répète
inlassablement ton nom. Si des idées te viennent à l’esprit, laisse les
agir sur toi comme si elles venaient de l’extérieur. Après 5 ou 10 mn
détends toi.
Le cercle magique
Le cercle coupé en quatre est la représentation de base de beaucoup de cultures et de religions.
Ce cercle magique est une façon structurée qui permet de pratiquer
seul. Les quatre directions, et la cinquième, le centre, peuvent
représenter les propriétés du Moi, un élément, une période du jour, de
l’année, des symboles animaliers et des formes de sa propre force. En
magie nous parlons souvent de correspondances. Nous disons que l’est
représente l’air, la compréhension, la respiration, l’aube, le
printemps, les couleurs pâles, le blanc, le violet, l’aigle et les
oiseaux qui volent haut dans le ciel, et le pouvoir de connaître. Le
sud représente le feu, l’énergie, l’après-midi et l’été, le rouge feu
et l’orange, le lion et la force de la volonté.
L’ouest représente l’eau, les sentiments, le crépuscule, l’automne, les
couleurs bleu, gris et pourpre, le vert océan, les serpents de mer, les
dauphins et les poissons, la force d’oser entreprendre. C’est de
l’ouest que vient le courage d’accepter nos plus profonds sentiments.
Le nord représente la terre, la mi-nuit, l’hiver, les couleur brun et
noir et le vert de la végétation. C’est du nord que vient la force
d’accepter de se taire, d’écouter ou de parler, de garder des secrets,
de savoir l’indicible.
Les représentations sont tout simplement un ensemble de révélations.
Quand je ressens l’est, le soleil qui se lève, la lumière de l’aube,
alors je sais, dans mon corps et mon cœur, que les idées naissent, que
l’inspiration éclôt, quand je sens l’air, sa bénédiction, son pouvoir
de changement, son équilibre, qui ne peuvent être vus, alors je
comprends quelque chose au sujet de la réflexion.
Le feu du soleil de l’après-midi peut me montrer ma propre énergie
rayonnante. Je sens à quel point l’énergie peut être canalisée et
exprimée. Les vagues, les puits profonds, les calmes étangs de l’ouest
me montrent les modèles de mes propres émotions : elles coulent comme
l’eau et comme elle se mêlent. La terre du nord, quand je la creuse,
quand je l’ensemence, m’apprend le cycle de la croissance, de la fin et
du renouveau, éternellement, à travers le renouveau et la terre, la
naissance et la mort
Les quarts s’équilibrent entre eux. La révélation de chaque quart peut
amener à la compréhension de celui qui est son opposé du point de vue
de la polarité. Quand je suis à l’est et que je pense, et que je vois,
je dois être dans une position qui me permette de ressentir, de couler,
de me fondre, ou bien je me serai coupée. Quand au sud j’utilise ma
capacité à m’exprimer et à souffrir, je dois être capable d’endiguer le
feu, de l’entourer des pierres du nord, ou bien je cours le risque de
faire brûler toute la forêt. Et quand à l’ouest je m’autorise à me
fondre en lui, j’ai besoin de la force de l’est, pour pouvoir à nouveau
m’en séparer.
Sans le feu du soleil la terre serait morte. Le silence sans la parole.
Quand nous nous tenons à l’emplacement de la force, et que nous saluons
chaque direction nous faisons deux choses : Tout d’abord nous
construisons le cercle : nous créons une frontière intérieure, qui nous
offre la certitude de pouvoir laisser tomber les structures qui nous
sont dévolues. Le cercle lui même est une structure, il nous dit : «
vois, toi qui a tellement besoin d’ordre, dans les limites de ma
surface tu peux oublier ton nom, tu peux changer de catégorie. Tu feras
des découvertes et tu vivras de nouvelles choses, mais ne panique pas.
Je suis là, je veille, et uniquement dans mes frontières tu pourras te
laisser aller. Quand je serais effacé, tu pourras revenir aux usages
formels, mais d’ici là, détends toi »
La conscience normale est une chose merveilleuse : elle nous permet ,
dans le monde, de vivre, penser, planifier, créer, travailler et faire.
Quand nous pratiquons la magie nous respectons nos limites habituelles
: nous ne souhaitons pas les ignorer, nous ne voulons pas bousculer les
cloisonnements, mais nous souhaitons nous glisser à travers elles selon
nos propres vœux. En effet, les limites, les cloisonnements, même les
noms, ne sont rien d’autre que notre notion de l’unité, les
manifestations de la Déesse, qui est là, ce qui fait notre structure.
Le cercle est aussi un modèle d’énergie, qui enserre toute la force que
nous appelons, de telle sorte que cette puissance reste concentrée et
dirigée. Il forme une barrière contre toutes les puissances dont nous
ne voudrions pas la présence. Construire le cercle nous permet de vivre
chaque direction de la façon qui nous convient à ce moment là, de voir
quel groupe de qualités a besoin d’être travaillé.
La méditation de l’air
Regarde l’est. Centre toi. Respire profondément, et soit attentif à la
façon dont l’air entre et sort de tes poumons. Ressens cela comme étant
le souffle de la Déesse, et intègre la force de vie, l’inspiration de
l’univers. Laisse ta respiration se mêler aux vents, aux nuages, au
grand courant, qui tous parcourent la terre et les mers. Dis « salut
Arida, lumineuse maîtresse de l’air »
La méditation du feu
Regarde le sud, centre toi. Ressens les impulsions électriques dans
chacun de tes nerfs, quand elles circulent de l’un à l’autre. Ressens
chaque cellule de ton être, quand elles brûlent les calories, et quand
cette action libère de l’énergie. laisse ton feu intérieur devenir un
et se mêler à la lumière des bougies, aux éclairs, à la lumière des
étoiles et aux rayons du soleil, devenir un avec l’esprit lumineux de
la Déesse. Dis « salut Tana, déesse du feu »
La méditation de l’eau
Regarde l’ouest. Centre toi. Sens comme le sang circule dans tes
veines, sens les courants qui passent dans toutes les cellules de ton
corps. Tu es liquide, une goutte d’eau venue de la mer des débuts qui a
pris forme humaine et qui est le corps de la grande mère. Cherche en
toi la paix et le silence, les courants des sentiments, les signes de
la force. Enfonce toi profondément dans la source de ta prise de
conscience intérieure, dans ta connaissance immémoriale. Dis « salut
Tiamat, serpent des profondeurs de l’eau »
La méditation de la terre
Regarde le nord. Centre toi. Sens tes os, ton squelette, la solidité de
ton corps. Accepte ton corps comme étant réel, au même titre que tout
ce qui peut être ressenti et tout ce qui peut être touché. Ressens
l’effet de la gravité, ton poids, ton attirance par la terre, qui est
le corps de la Déesse. Tu es une partie de la nature, une montagne qui
se déplace. Fonds toi dans tout ce qui vient de la terre : l’herbe, les
arbres, les graines, les fruits, les fleurs, les animaux sauvages, les
métaux et les pierres précieuses. Retourne à la poussière, au compost,
à la tourbe, et dis « salut Belili, Mère des montagnes »
Le centre
Le centre du cercle est l’endroit voué à la métamorphose. Il représente
l’être pur, l’éternité, la lumière transparente, la force de marcher,
de se mouvoir, de voyager, de se métamorphoser. Son symbole magique est
le chaudron. Cela peut être un chaudron traditionnel à trois pieds en
fonte, ou bien un bol en métal ou en argile. Dans ce chaudron brûle un
feu : une bougie, de l’encens ou des herbes aromatiques.
Méditation au sujet de la métamorphose
Centre toi. Murmure encore et encore « elle transforme tout ce qu’elle
touche, et tout ce qu’elle touche est transformé ». Sens les perpétuels
changements en toi, dans ton corps, tes idées et tes sentiments, ton
travail et tes occupations. Dans chaque pierre les atomes sont en
perpétuel mouvement. Ressens les changements autour de toi : les
changements que tu effectues et que tu as effectués. Même la
réalisation de la méditation est une partie du processus de
métamorphose, qui signifie la vie. Dis « salut Kore, éternelle
métamorphosée, dont le nom ne peut être dit »
Le cercle magique protecteur
Visualise un cercle ou une boule de lumière blanche autour de toi, dans
laquelle circule l’énergie. Dis toi qu’il s’agit là d’un bouclier
protecteur que les mauvaises ondes ne peuvent traverser. Quand tu en as
le temps, visualise le cercle magique et appelle les quatre éléments.
Le pentagramme de perles
Un pentagramme est une représentation graphique de l’étoile à cinq branches. Il est une aide à la méditation.
Centre toi. Dessine un pentagramme sur une feuille et marque les
pointes avec les mots : amour, sagesse, connaissance, loi, pouvoir.
L’amour est le moteur de la vie. Elle peut être aussi bien aveuglement
érotique, qu’être l’amour de son prochain, une façon d’être toujours à
l’écoute et aux petits soins des autres et de soi même. Elle est la loi
de la déesse et la créature de la magie.
La sagesse et la connaissance sont plus facile à comprendre ensemble.
La connaissance est due à l’apprentissage, elle est la force de la
compréhension, comprendre l’univers et le décrire. La sagesse est le
savoir, comment utiliser ou ne pas utiliser ce que l’on connaît. La
connaissance signifie savoir ce que l’on peut dire. La sagesse consiste
à savoir si on peut dire quelque chose ou pas. La connaissance donne
des réponse, la sagesse pose les questions. La connaissance peut être
apprise, la sagesse nait de l’expérience, elle se découvre au fur et à
mesure de nos erreurs.
La loi est en fait la loi de la nature, et non pas la loi des hommes.
Si nous brisons une loi de la nature, nous en subirons les conséquences
sous forme de résultat naturel de nos actions, et non pas comme une
punition. Si tu ne respectes pas la loi de la gravité tu tombes. La
magie se passe dans le sein des lois de la nature et non pas en dehors
d’elles. Mais les lois de la nature peuvent être bien plus compliquées
qu’elles n’y paraissent.
La force Elle est le résultat de la jonction de l’amour, de la
connaissance, de la sagesse et de la loi. La force, qui trouve ses
racines dans l’amour et qui se nourrit de la connaissance, de la
sagesse et de la loi, permet de grandir et de guérir.
Médite sur chacun de ces points et sur leur lien. Allonge toi bras et
jambes écartées, de telle sorte que ton corps figure une étoile. Ton
corps et tes membres deviennent les points du pentagramme. Si tout se
passe bien ils sont en parfait équilibre. Si certains points sont plus
faibles, travaille à les développer. Intègre en toi la beauté du
pentagramme de perles.
CHAPITRE 4
La déesse sous ses nombreux aspects
Entendez les mots de la grande mère....
Entendez les mots de la grande mère, qui autrefois portait les noms
d'Artémis, Aphrodite, Diane et Brigid, et bien d'autres encore.
« Si quelque chose vous fait envie, vous devrez vous réunir une fois
par mois, de préférence à la pleine lune, dans un endroit secret, et
prier mon esprit, car je suis la reine de toutes les sagesses. Chantez,
fêtez, dansez, faites de la musique et aimez vous en mon nom car mien
est l'amour de tous les êtres.
Mien est le secret, qui ouvre les portes de la jeunesse ; et mienne est
la coupe contenant le vin de la vie, le vase de Ceridwen, qui est le
saint graal de l'immortalité. J'offre la sagesse de l'esprit éternel,
et au-delà de la mort je donne la paix et la liberté et je vous rendrai
à ceux qui vous ont quittés.
Aussi je ne demande aucun sacrifice en mon nom, car, voyez, je suis la
mère de toute chose, et mon amour couvre la terre entière »
Et ce sont là les mots de la Déesse des étoiles, dont les pieds
baignent dans la poussière des étoiles, et dont le corps englobe tout
l'univers. « Moi, qui suis la beauté de la verte terre, et la blanche
lune sous les étoiles, et le mystère de l'eau, j'appelle vos âmes à
s'élever et à venir à moi. Car je suis l'âme de la nature, qui fait que
l'univers est vivant. De moi viennent toutes choses, et à moi elles
devront revenir. Honorez-moi le cour joyeux, car voyez, tous les actes
d'amour et de joie sont mes rituels. Laissez vous envahir par la beauté
et la force, le pouvoir et la douleur, l'honneur, la joie et la peur.
Et vous qui voulez me connaître, vous savez que vos recherches et vos
quêtes ne vous seront d'aucun secours, avant que vous ne connaissiez
les mystères : car, si vous ne trouvez pas en vous-même ce que vous
cherchez, vous ne le trouverez
jamais ailleurs. Car voyez, j'ai été à vos côtés depuis le tout début,
et je suis celle vers qui vous tournerez vos prières en fin de compte
».
Dans la religion de la grande Déesse, nous ne croyons pas en la Déesse,
nous nous connectons à elle, à travers la lune, les étoiles, la mer, la
terre, à travers les arbres et les animaux, à travers nos semblables et
à travers nous-mêmes. Elle est là. Elle est en chacun de nous. Elle est
le cycle complet: terre, air, feu, eau et être absolu : corps, âme,
esprit, sentiment, métamorphose.
La déesse est avant tout la sombre mère nourricière, celle qui donne la vie.
Elle est la force de la fertilité et elle est ce qui est, elle est
notre matrice et aussi la tombe, le pouvoir de la mort. Tout vient et
retourne à
elle. En tant que terre elle est aussi la vie végétale : arbres, herbes
et graines, qui contiennent la vie. Elle est le corps, et le corps est
sacré.
Giron, poitrine, ventre, bouche, front, pénis, os et sang - pas une
partie du corps qui soit impure, pas un aspect du courant de la vie qui
serait souillé par une quelconque idée de péché. La naissance, la mort,
et la renaissance sont également des parties sacrées du grand cycle.
Nous vénérons la Déesse en mangeant, en dormant, en faisant l'amour et
aussi pendant notre digestion.
La déesse de la terre est aussi l'air et le ciel, la reine du ciel, la
déesse des étoiles, celle qui règne sur le monde invisible de la
découverte : le
savoir, la compréhension et l'intuition. Elle est la muse qui éveille
tous les sens de l'esprit humain. Elle est l'amante cosmique, étoile du
matin et du
soir, et Vénus, qui apparaît lors de l'acte d'amour. Elle est toutefois
insaisissable. L'esprit est envahi par le besoin de connaître ce qui ne
peut être connu, et de nommer ce qui ne peut l'être. Elle est
l'inspiration, qui nous vient le temps d'un soupir. La déesse du ciel
est la lune qui est
étroitement liée aux cycles mensuels de la femme, cycle de sang et de
fertilité. La femme est la lune. La lune est l'oeuf du ciel, qui voyage
à
travers le giron du ciel, dont le sang menstruel est la pluie bénéfique
et la fraîche rosée ; qui maîtrise les marées, le giron primordial pour
la vie sur la terre. La lune est donc aussi celle qui règne sur l'eau,
sur les vagues de la mer, les rivières, les sources, les fleuves, qui
sont autant d'artères de la mère terre, sur les mers, les sources
souterraines et les lacs souterrains, et sur les sentiments qui nous
submergent comme des vagues.
La déesse de la lune a trois aspects : quand elle croit elle est la
jeune fille, pleine et ronde elle est la mère, quand elle décroît elle
est la vieille.
Méditation à la lune croissante
Centre toi, relie toi à la terre, visualise la lune qui croit. Elle est
la force du commencement, de la croissance et de la réalité. Elle est
sauvage, comme le sont les idées et les projets, avant qu'ils ne soient
balayés par la réalité.
Elle est une page blanche, un champ en attente d'être ensemencé.
Sens les possibilités enterrées en toi, sens comme il t'est donné de
laisser s'exprimer et croître ta force. Vois la comme une fillette aux
cheveux
d'argent, qui marche libre dans la forêt, sous la lumière de la lune.
Elle est la jeune fille éternelle qui n'appartient qu'à elle-même.
Appelle la « Nimue » et sens sa force en toi.
Méditation à la pleine lune
Centre toi, relie toi à la terre. Visualise une belle lune pleine et
ronde. Elle est la mère, la force de toute réalisation. Elle nourrit ce
qui a débuté à la nouvelle lune ; Vois ses bras ouverts, sa poitrine
pleine, son ventre, dans lequel débute la vie. Sens comme ta propre
force se nourrit, se donne, comme le possible t'apparaît. Elle est la
femme sexuelle. Son désir de s'unir est la force motrice, qui contient
toute vie. Ressens cette force dans ton propre désir, dans ton orgasme.
Sa couleur est le rouge sang, qui représente la vie.
Appelle la par son nom « Mari » et ressens ta capacité à aimer.
Méditation à la lune descendante
Centre toi, relie toi à la terre, visualise une lune descendante,
entourée d'un ciel sombre. Elle est la vieille femme, qui a déjà passé
l'âge de la ménopause, elle est la force du départ, de la mort. Toutes
choses doivent finir pour que tout puisse recommencer. Le blé qui a été
semé doit être récolté. La vie nourrit la mort, la mort mène à une
nouvelle vie, en sachant cela on acquiert la sagesse. La vieille est
l'éternelle aïeule, la femme sage. Ressens ton âge, la sagesse du
devenir, qui est présente dans chaque cellule de ton corps.
Accepte ta force à arrêter, à perdre et en même temps à gagner, à
démolir, tout ce qui stagne ou qui est fané. Vois la vieille entourée
de noir, sous la lune décroissante. Appelle la par son nom « Anu » et
ressens sa force dans ta propre mort.
CHAPITRE 5
La Déesse est présente dans tout le cycle de la vie
L’aspect triple de la déesse devient quintuple, l’étoile à cinq
branches de la naissance, l’initiation, l’amour, la maturité et la
mort. La naissance et l’enfance sont évidemment communes à toutes les
cultures. Mais notre société n’a admis que récemment le fait que la
phase de l’initiation, de la connaissance de soi, de l’acquisition du
savoir, sont nécessaires aux femmes. Une initiation demande du courage
et de la confiance en soi, qualités que beaucoup d’entre elles n’ont
pas été poussées à souhaiter. Aujourd’hui, font partie de cette
initiation : la carrière professionnelle, le tissu des relations
sociales, la créativité. La vie qui nous attend ne peut être pleinement
appréhendée que si cette phase initiatique est terminée et si on a
développé son soi.
La phase de l’amour est aussi décrite comme celle de la réussite, et
est une partie hautement créative de la vie. Ce que l’on a appris est
désormais au second rang derrière l’éveil du sens de la responsabilité.
Ce que nous avons produit, que ce soit un enfant, un poème ou une
organisation, commence à vivre sa propre vie. Quand ils seront
indépendants le stade de la maturité est atteint. Avec l’âge vient une
nouvelle initiation, une phase de réflexion, de moindre activité
corporelle mais qui toutefois est d’une grande profondeur du fait de la
nouvelle vision de la connaissance. Dans la religion de la grande
déesse l’âge est considéré de façon très positive car c’est un temps où
l’activité laisse place à la sagesse. Elle conduit à la dernière
initiation : la mort.
Ces cinq phases régissent notre vie, mais on les retrouve dans tout
nouveau projet, dans toute nouvelle entreprise. Chaque livre, chaque
tableau, chaque nouvelle carrière professionnelle est d’abord une idée.
On passe par une période de crainte car nous sommes obligés d’apprendre
de nouvelles choses. Quand on arrive à s’en faire une représentation,
une forme de finalisation, on peut passer à la réalisation de l’idée.
Elle devient indépendante : quand nous avons terminé, d’autres liront
le livre, regarderont le tableau, mangeront le repas ou utiliseront le
savoir que nous leur aurons communiqué. A travers cela nous avons
grandi. L’idée (l’œuvre) meurt, nous pouvons débuter une autre œuvre.
CHAPITRE 6
Les pôles de la dualité
La Déesse n'est jamais simplement la nature. Ou qu'elle apparaisse
elle personnifie les deux pôles : la vie dans la mort, la mort dans la
vie. Elle a mille noms et mille visages. Elle est l'oiseau avec les
vibrations de l'esprit, l'araignée qui tisse, le serpent, qui mue pour
mieux recommencer un cycle, le chat, qui voit dans le noir, elle est
tout cela. Elle est la lumière et l'ombre, la maîtresse de l'amour et
de la mort, qui rend possibles toutes les probabilités. Elle apporte
joie et souffrance.
Une déesse comme muse ou comme mère, comme inspiration, comme force qui
nourrit et qui soigne, on peut aisément se la représenter. Il est plus
difficile de la concevoir comme destructrice. Chaque acte de création
est aussi un acte d'agression. Pour écrire un livre il faut que tu
produises une ébauche après l'autre, que tu y fasses des coupes, que tu
rayes des mots et des phrases entières. La création exige le
changement, la modification, et chaque modification apportera le
désordre, quoi qu'il en sorte finalement. Le concept de
créatrice-destructrice est particulièrement évident dans le feu : il
détruit tout ce que tu lui donnes et il crée de la chaleur et de la
lumière. Le feu est le foyer nourricier, le feu créateur de la forge,
le feu de joie des fêtes. Mais la déesse est aussi le feu violent de la
colère.
Il est difficile d'analyser le concept de force de la colère, car nous
la comparons à la force, à la violence. La colère est pourtant une
expression de la force vitale. Il est un moyen de survie, un signal
d'alarme, pour nous dire que quelque chose dans notre environnement
nous perturbe. Le danger engendre des réactions physiques, psychiques
et émotionnelles, qui mobilisent notre force, pour changer la
situation. Parce que nous sommes des êtres humains, nous utilisons les
mots et les agressions gestuelles comme moyens de menace, et nous nous
mettons en colère. Mais si nous ne pouvons laisser libre cours à cette
colère, nous nous considérons comme faillibles, au lieu de répondre à
cette agression extérieure. Au lieu de déborder, et de changer notre
environnement, cette énergie est gaspillée en ce sens que nous
cherchons à la maîtriser à l'intérieur de nous mêmes.
La déesse libère l'énergie qui est dans notre colère. Cette colère
devient bénie et sa force est purifiée. Comme un feu de forêt dans une
nature sauvage, elle arrache le sous bois, de telle sorte que les
jeunes pousses de notre créativité puissent accueillir la lumière du
soleil. Nous contrôlons nos actions : mais nous ne cherchons pas à
maîtriser nos sentiments. La colère devient une force de cohésion, qui
permet l'analyse et la communication avec l'autre.
J'ai parlé de la Déesse en tant que symbole psychologique et aussi en
tant que réalité manifeste. Elle est les deux. Elle existe et nous la
créons. Les symboles et les particularités liés à la Déesse parlent à
notre moi enfantin, et à travers cela à notre moi divin. Ils nous
concentrent d'un point de vue émotionnel. Nous savons que la Déesse
n'est pas la lune, et pourtant nous nous émerveillons devant sa
lumière, qui brille à travers les arbres. Nous savons que la Déesse
n'est pas une femme, mais nous lui répondons avec amour, comme si elle
en était une, et nous nous lions émotionnellement avec toutes les
particularités abstraites derrière les symboles. Triangles, ovales,
losanges, les formes de l'appareil génital féminin, sont également ses
symboles. Chaque symbole et chaque aspect de la Déesse peuvent faire
l'objet d'une méditation.
CHAPITRE 7
La Déesse est notre libératrice
C’est à dire « la servir est parfaite liberté ».
Elle est libératrice car elle se révèle dans nos plus profondes
émotions et voyages intérieurs, qui toujours et inévitablement vont à
l’encontre du système dans lequel ils sont censés évoluer. Elle est
amour et colère, qui n’acceptent pas volontiers de se mouler dans le
système. De nos jours l’esclavage peut se manifester dans les domaines
du spirituel, de l’émotionnel ou du physique : l’esclavage qui nous
fait prendre pour argent comptant des idées préconçues, une croyance
aveugle ou la peur. La religion de la Grande Déesse réclame une liberté
intellectuelle et du courage, celui de s’affirmer par ses propres
opinions. Elle n’est pas une croyance figée et dogmatique, mais une
croyance qui sans cesse se renouvelle à travers la joie et l’étonnement
vis à vis du monde.
Amour est la loi de la Déesse : l’amour physique passionné, la chaude
affection de l’amitié, l’amour protecteur d’une mère pour son enfant,
l’amitié profonde au sein d’un groupe.
Dans la religion de la Grande Déesse l’amour n’est pas quelque chose
d’immatériel ou de superficiel ; il est toujours spécifique, il compte
des individus biens réels, et non pas une représentation floue de
l’humanité. L’amour inclue aussi les animaux, les plantes, la terre
elle même, « tout ce qui est » et pas seulement les êtres humains. Il
nous inclue nous même avec nos faiblesses humaines.
L’amour de la Déesse n’est l’objet d’aucune condition. Elle ne demande
pas de sacrifice, et elle ne veut pas que nous sacrifions nos besoins
ou nos souhaits humains. C’est une religion de l’acceptation de soi et
non pas une religion dans laquelle nous nous mentirions à nous-mêmes.
La religion de la Grande Déesse admet que chaque vertu devient un vice,
si on ne la compare pas à son opposé : si la beauté n’est pas
accompagnée de force elle devient insipide et sans vie. La puissance
est insupportable si elle ne se compare pas à la souffrance. Le
sentiment d’honneur devient de l’arrogance, s’il n’est pas
contrebalancé par l’humilité. La joie devient superficielle si elle
n’est pas teintée de crainte.
Finalement nous comprenons le Mystère : que nous ne trouverons pas la
Déesse hors de nous si nous ne savons pas la trouver en nous. Elle est
aussi bien dans nous que dans toutes les choses qui nous entourent.
Solide comme un roc, changeante comme l’image que nous nous faisons
d’elle, au fond de nous. Elle est présente en chacun de nous, où
d’autre faudrait-il la chercher ?
La Déesse est « la finalité du désir », son but et son accomplissement.
Le désir en tant que tel est considéré comme une représentation de la
Déesse. Le désir est le ciment de l’univers, c’est lui qui relie
l’atome et l’électron, les planètes et le soleil, et ainsi crée les
corps et crée le monde. Suivre le désir jusqu’à son accomplissement
signifie ne faire qu’un avec l’invisible, ne faire qu’un avec la
Déesse. Nous ne faisons déjà qu’un avec elle, elle est en nous depuis
le commencement. Ainsi donc l’accomplissement ne sera pas une occasion
de satisfaction de soi, mais bien plutôt de perception de soi.
Pour les femmes la Déesse est le symbole de leur moi profond, et de la
force nourricière, guérisseuse, libératrice qui est en elles toutes. Le
cosmos est une représentation du corps sacré de la femme. Toutes les
étapes de la vie sont sacrées : la vieillesse n’est pas une malédiction
mais une bénédiction. La Déesse n’enferme pas les femmes dans leur
corps. Elle éveille en elles l’esprit, l’âme et les sentiments. A
travers elle nous pouvons découvrir la force de notre colère et de
notre agressivité, mais aussi la force de notre amour.
Pour l’homme la Déesse n’est pas seulement la force de vie
universelle, mais aussi sa part de féminité cachée. Elle personnifie
tout ce que la société l’empêche de reconnaître. Sa première découverte
de la Déesse peut donc sembler quelque peu stéréotypée : elle sera
l’amante cosmique, la douce partenaire, celle que depuis toujours il
désire, la muse, tout ce qu’il n’est pas lui même. Au fur et à mesure
qu’il « guérit » il accepte sa propre féminité. Elle semble changer,
lui montrer un nouveau visage, toujours lui tendre un miroir, dans
lequel il voit ce qui lui semble si difficile à accepter. Il La
poursuivra éternellement, car il verra ce qui lui semblait
inacceptable. Il La poursuivra éternellement et Elle viendra à lui, et
c’est en se tendant vers Elle qu’il grandira, jusqu’à ce qu’enfin il
apprenne à La trouver en lui même.
Chapitre 8
Invocation de la grande déesse